Parler sérieusement
(Govoriti ozbiljno)
Peut-on
encore espérer, à quelques jours des élections présidentielles, entendre les
candidats aux élections présidentielles s’exprimer sur des sujets sérieux, de
la compétence du prochain président ? On peut en douter, quand on voit la façon
dont ils éludent jusqu’ici tout problème de politique étrangère, qui occupera
pourtant plus de la moitié du temps de celui qui sera élu, et la complaisance
avec laquelle ils s’étendent sur les problèmes de sécurité ou de fiscalité, qui
sont évidemment de compétence gouvernementale et parlementaire, et dont les
partis auront tout le temps de débattre pendant la campagne qui suivra pour les
élections législatives.
Možemo li
se još uvek nadati da ćemo, za ovih nekoliko dana koliko je ostalo do izbora,
čuti predsedničke kandidate kako govore o ozbiljnim stvarima iz nadležnosti
budućeg predsednika? Sumnjam, imajući u vidu koliko su do sada izbegavali
spoljnopolitička pitanja, koja će oduzimati više od polovinu vremena izabranom
kandidatu, i njihov blag pristup pitanjima bezbednosti i oporezivanja, koja su
očigledno u nadležnosti vlade i parlamenta, i o kojima će partije raspravljati
u kampanji za parlamentarne izbore.
Dans les
cinq prochaines années, le monde sera évidemment très dangereux, et nous avons
besoin de savoir ce que fera le prochain Président face à ces défis, dont,
faute de réponses des candidats, on peut au moins faire la liste.
U
narednih pet godina svet će očito biti opasno mesto i moramo da znamo kako
predsednik namerava da se izbori sa problemima koje, budući da kandidati ćute,
možemo makar da nabrojimo.
D’abord,
en Europe, on ne pourra pas faire, dans les cinq ans à venir, l’économie de la
question fédérale. Plus précisément, l’euro ne pourra pas continuer d’exister
sous sa forme actuelle sans une politique de croissance, qui n’est à la portée
que d’un ensemble fédéral européen, se dotant des ressources fiscales pour la
financer. Là-dessus, on n’a presque pas entendu s’exprimer les candidats. Par
exemple, si ensemble fédéral il y a, concernera-t-il les 27 ? Ou seulement les
membres de l’eurozone ? ou un autre ensemble ? Et s’il n y a pas d’ensemble
fédéral, comment résistera-t-on à la divergence croissante des économies partageant
la même monnaie ? Est-on prêt à y mettre fin ?
Prvo, u
narednih pet godina u Evropi nećemo moći da izbegnemo federalno pitanje.
Konkretno, evro neće moći da opstane u sadašnjem obliku bez politike rasta,
dostižne samo u okviru federalne Evrope, koja bi obezbedila fiskalne resurse za
njeno finansiranje. Kandidati o tome nisu rekli praktično ništa. Na primer, ako
bude federalne Evrope, da li će ona obuhvatati 27 zemalja? Ili samo članice
evrozone? Ili neki drugi niz zemalja? I ako ne bude federacije, kako ćemo
podneti rastuću razliku među privredama koje dele istu valutu? Da li želimo da
zaustavimo tu razliku?
En Europe
encore, faudra-t-il étendre l’Union au-delà de la candidature croate actuelle ?
A qui ? A tous les pays de l’ex-Yougoslavie ? La Moldavie ? L’Ukraine ? La
Géorgie ? L’Arménie ? La Turquie ? Toutes ses questions seront posées avant
2017. Il serait bon de connaitre l’avis des candidats.
Da li će
se EU širiti i na druge zemlje, izuzev sadašnjeg kandidata, Hrvatske? Na koje?
Na sve zemlje bivše Jugoslavije? Moldaviju? Ukrajinu? Gruziju? Jermeniju?
Tursku? Sva ova pitanja će se postaviti pre 2017. Bilo bi dobro čuti stavove
kandidata o tome.
En
matière de défense, aussi, bien des questions seront à traiter : faut-il se
doter de nouveaux sous-marins nucléaires ? De drônes ? Faut-il approfondir
l’intégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN ? Faut-il en
conséquence rejoindre le projet de bouclier antimissile, et donc envoyer à la casse nos sous-marins nucléaires ? ou bien faut-il se tenir à l’écart de ce
projet ? Quelles missions faut-il confier à l’OTAN, après son retrait, en 2012
ou 2013, de l’Afghanistan ? Faudra-t-il l’impliquer dans les problèmes de
l’Asie ? de la Méditerranée ? Du Moyen Orient ? du Maghreb ? Du Mali ? Sinon,
que faut-il faire pour la sécurité et la stabilité de l’Afrique ? Tout, au
risque de paraître une puissance néocoloniale ? Ou rien, au risque de sembler
bénir une remise en cause des frontières dessinées par la conférence de Berlin
en 1885 ? Que faire enfin face au terrorisme islamique ? Et face à son alliance
avec les trafiquants de drogue ?
Što se
tiče odbrane, mnoga pitanja čekaju na odgovor: da li treba da nabavimo nove
nuklearne podmornice? Bespilotne letelice? Treba li produbiti integraciju
Francuske u vojnu komandu NATO? Da li bi onda trebalo ući u plan raketne
odbrane i odreći se nuklearnih podmornica? Ili se treba kloniti ovog projekta?
Koje bi zadatke trebalo poveriti NATO savezu nakon njegovog povlačenja iz
Avganistana 2012. ili 2013? Da li bi NATO trebalo da se bavi problemima u
Aziji? Na Sredozemlju? Na Bliskom istoku? U Magrebu? U Maliju? Zatim, šta treba
učiniti za bezbednost i stabilnost Afrike? Sve, uz rizik da izgledamo kao
neokolonijalna sila, ili ništa, uz rizik pristanka na preispitivanje granica
zacrtanih na Berlinskoj konferenciji 1885? Na kraju, kako se suprotstaviti
islamističkom terorizmu? I njegovoj povezanosti sa trgovinom drogom?
Par
ailleurs, que faut-il faire face à la Russie ? S’opposer fortement à ses
dérives antidémocratiques ou la prendre comme elle est, pour en faire un
partenaire de la stabilité en Europe ? Et en ce qui concerne la Chine, faut-il
emboiter le pas des Américains, qui y voient leur principal ennemi des
décennies à venir, ou au contraire se donner les moyens d’en faire une alliée
responsable et équilibrée ? Enfin, la
France doit-elle se mêler de tous ces problèmes ou doit-elle se résigner à
n’être qu’une puissance moyenne, sans moyens d’agir sur les grands enjeux du
monde ?
Pored
toga, kako se postaviti prema Rusiji? Da li se snažno suprotstaviti njenim
antidemokratskim tendencijama ili je prihvatiti takvu kakva jeste, kao partnera
za evropsku stabilnost? Što se tiče Kine, da li treba da sledimo primer
Amerikanaca, koji Kinu vide kao svog glavnog neprijatelja u narednim
decenijama, ili da pronađemo način da je pretvorimo u odgovornog i ravnopravnog
saveznika?
Na kraju,
da li Francuska treba da se meša u sve ove probleme, ili da se pomiri sa time
da je samo prosečna sila, koja nema mogućnost da se angažuje u rešavanju
velikih svetskih problema?
Sur tout
cela, dès le lendemain de son élection, le prochain Président aura à se
prononcer : il est attendu le 18 et 19 mai 2012 à la réunion au sommet du G8 à
Camp David, puis le 20 et 21 mai suivants au sommet de l’OTAN à Chicago. Il
devra prendre des positions sur chacun de ces points. Ne serait-il pas
raisonnable qu’il en ait informé à l’avance les électeurs ?
O svemu tome će predsednik, dan nakon izbora, morati da donese odluku.
Očekuju ga da se pojavi 18. i 19. maja na samitu G8 u Kamp Dejvidu, a zatim 20.
i 21. maja na samitu NATO u Čikagu. Moraće da zauzme stav prema svim ovim
pitanjima. Zar ne bi bilo razumno da birači o tome budu unapred obavešteni?
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